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Un couple évangélisateur : Modèle pour hier et aujourd’hui PRISCILLE & AQUILAS “Une chose est certaine, c’est grâce à la foi et à l’engagement apostolique de fidèles laïcs, de familles, d’époux comme Priscille et Aquilas, que le christianisme est parvenu à notre génération . Le christianisme ne pouvait pas grandir uniquement grâce aux Apôtres qui l’annonçaient. Pour qu’il puisse s’enraciner dans la terre du peuple, se développer de façon vivante, l’engagement de ces familles, de ces époux, de cette communauté chrétienne, et de fidèles laïcs qui ont offert l’humus à la croissance de la foi, était nécessaire. Et c’est toujours et seulement ainsi que grandit l’Eglise. En particulier, ce couple démontre combien l’action des époux chrétiens est importante. Lorsqu’ils sont soutenus par la foi et par une forte spiritualité, leur engagement courageux pour l’Eglise et dans l’Eglise devient naturel. Leur vie commune quotidienne se prolonge et en quelque sorte s’élève en assumant une responsabilité commune en faveur du Corps mystique du Christ, ne fût-ce qu’une petite partie de celui-ci. Il en était ainsi dans la première génération et il en sera souvent ainsi. Nous pouvons tirer une autre leçon importante de leur exemple: chaque maison peut se transformer en une petite Eglise. Non seulement dans le sens où le typique amour chrétien fait d’altruisme et d’attention récicporque doit y régner, mais plus encore dans le sens où toute la vie familiale sur la base de la foi est appelée à tourner autour de l’unique domination de Jésus-Christ.... (cf Ep 5, 25-33) Nous pourrions même considérer que l’Apôtre (Paul) façonne indirectement la vie de l’Eglise tout entière sur celle de la famille. Et, en réalité, l’Eglise est la famille de Dieu... Priscille et Aquilas (sont) le modèle de l’Eglise, famille de Dieu pour tous les temps” (Benoît XVI, catéchèse du 7 février 2007)
*** Priscille et Aquilas (juifs de la disapora portant des noms latins) furent un couple apostolique de grande importance. Les Actes des Apôtres et la lettre de Paul aux Romains nous le révèlent (Act 18,2, 26; 16,19; Rom 16,23). Chrétiens de grande valeur, ils exercent leur métier de fabricants de tentes, à Rome. L’empereur Claude chassant les juifs résidant à Rome, ils s’exilent à Corinthe où ils rencontrent Paul, vivant du même travail professionnel mais surtout partageant une même vision de la foi chrétienne. Ils vont ensuite à Ephèse où ils retrouvent Paul; ils y forment Apollos, le juif chrétien d’Alexandrie. Ils reviennent ensuite à Rome. *** CHARLES de FOUCAULD disait déjà cela en 1908 Charles de Foucauld, à partir de 1908 et surtout de 1913, mentionna souvent Priscille et Aquilas comme modèles à suivre par les membres de l’association d’évangélisateurs qu’il voulait promouvoir largement en France après la guerre de 1914-1918. Il estimait que l’évangélisation dans un monde indifférent ou spontanément opposé au catholicisme ne pouvait pas se faire selon l’apostolat par le culte (messes, baptêmes, sépultures, mariages) ou sous l’égide de paroisses. Son expérience en monde musulman l’en avait convaincu. Il voulait donc que de nombreux chrétiens (hommes et femmes, ordonnés ou non, religieux ou non, mariés ou non) s’engagent à promouvoir l’évangile par le témoignage de leur vie et éventuellement par la parole, là où ils vivent ou travaillent. Charles de Foucauld dessinait les grandes lignes de leur spiritualité: amour personnel envers le Christ, “modèle unique”, méditation de l’évangile et de la Bible, prière longue si possible devant le tabernacle, et relations fraternelles de bonté envers tous. Il voyait en eux des milliers de Priscille et d’Aquilas, des “défricheurs” indispensables avant l’annonce publique de l’évangile dans un milieu qui en a une vision déformée. Cette “Union des frères et soeurs de Jésus” , fondée par Charles de Fouucauld et dont Louis Massignon fut l’un des premiers membres, existe toujours. (Union, 127 rue Notre Dame des Champs, 75006 Paris). Elle correspond à un état d’esprit et son organisation est ultra légère puisque, selon Charles de Foucauld, il s’agit du contenu même du baptême chrétien. | ||
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Textes conciliaires et mutations du vocabulaire catholique. Intrigué par la mutation du vocabulaire catholique au sujet du ministère j’ai donc parcouru l’ensemble des textes conciliaires latins. De cette étude rapide, non exhaustive, mais significative, je rapporte quelques éléments dominants. - Le mot latin “sacerdotes” , pour parler des “Presbytres-Anciens”, apparaît pour la première fois en 1311-1313, au Concile de Vienne, décret n° 8. Il y désigne “ceux qui ont reçu le sacerdoce”, et, un peu plus loin, la catégorie des “prêtres” et religieux.( détails pittoresques: c’est pour leur interdire certains costumes (redingote, vêtement rayé et ouvert, chaussures bariolées rouges ou vertes) ou certaines professions (charcutier, boucher, aubergiste, négoce, port des armes) (Albérigo: “Les conciles oecuméniques”, Tome 2, page 756)
- Le concile de Constance (1414-1418) emploie au moins 5 fois le mot “sacerdotes” pour désigner les “presbytres-Anciens”.
- Le Concile de Bâle-Ferrare-Florence-Rome (1431-1445) utilise le mot “prêtrise” (presbyteratus) dans sa session VI-XI (Alberigo p.1124)
- Rien de significatif dans Latran V (1512-1517), juste au moment où Luther commence à mettre en cause certaines expressions romaines. *** - C’est le concile de TRENTE (1545-1563) qui consacre une mutation significative du vocabulaire. * Ce sont les “sacerdotes”(latin) qui célèbrent l’eucharistie, (Alberigo T.3, p 1420) donnent l’absolution sacramentelle (p.1438). L’emploi du mot latin “sacerdotes” devient courant. On trouve même une affirmation d’équivalence entre “sacerdotes” et “presbyteri” à la page 1450: “Si quelqu’un dit que les “presbytres” (presbyteros) de l’Eglise, que St Jacques recommande de faire venir pour oindre un malade, ne sont pas les “prêtres ordonnés (sacerdotes) par l’évêque”, mais les plus âgés dans toute communauté et que, pour cette raison, le ministre propre de l’extrême onction n’est pas le “prêtre” (sacerdotem) seul : qu’il soit anathème” (canon 4 sur l’extrême onction). * Est également utilisée l’expression nouvelle: “ministère du sacerdoce” (ministerium sacerdotii) pour désigner ceux qui ont été élevés à “l’ordre de la prêtrise”(ad ordinem presbyteratus). Cette expression qualifie le degré inférieur du sacrement de l’ordre concernant le “presbytre” par rapport à l’évêque.(Alberigo p. 1510,1512,1522) Noter qu’apparaît au même moment la création des petits séminaires pour accueillir des enfants dès l’âge de 12 ans. (p.1525) Le Concile de Trente a quasiment substitué le vocabulaire du “sacré”, du “sacerdotal” à celui du “ministère presbytéral”. Il en sera ainsi pendant plusieurs siècles, jusqu’au XXè avec Vatican II *** - Le Concile VATICAN II (1963-1965) A) revient au vocabulaire traditionnel et néotestamentaire dans son document du 7 décembre 1965 “presbyterorum ordinis” (L’ordre des Presbytres-Anciens). * Il utilise essentiellement les mots de la racine “presbytérale” et non plus “sacerdotale”. * il rappelle que le sacerdoce concerne le corps ecclésial tout entier * et que les “Presbytres” accomplissent publiquement “la fonction sacerdotale”, à leur niveau. (p.2112 et suivantes).
B ) La Constitution sur l’Eglise, (Lumen gentium, du 21 novembre 1964), avait commencé ce retour aux sources de la révélation en présentant l’Eglise comme “peuple de Dieu”, à l’intérieur duquel le Concile situait les évêques (dont les “presbyteri” sont les premiers auxiliaires dit le n° 28), les laïcs et les religieux. Il rappelait l’appel universel à la sainteté, le caractère eschatologique de l’Eglise. Il présentait Marie comme modèle de l’Eglise. Ce texte disait clairement: - ”Les baptisés, par la régénération et l’onction du Saint Esprit, sont consacrés pour être une demeure spirituelle et un sacerdoce saint , pour offrir, par toutes les activités du chrétien, autant de sacrifices spirituels et proclamer les merveilles de celui qui des ténèbres les a appelés à son admirable lumière”-(n°10) - “Le sacerdoce commun des fidèles et le sacerdoce ministériel ou hiérarchique, bien qu’il y ait entre eux une différence essentielle et non seulement de degré, sont cependant ordonnés l’un à l’autre: l’un et l’autre, en effet, chacun selon son mode propre, participent de l’unique sacerdoce du Christ”. (n° 10) - “Tout ce qui a été dit du peuple de Dieu concerne à titre égal laïcs, religieux et clercs...”(n°30) - “Sous le nom de laïcs on entend ici l’ensemble des chrétiens qui ne sont pas membres de l’ordre sacré et de l’état religierux sanctionné dans l’Eglise, c’est-à- dire les chrétiens qui, étant incorporés au Christ par le baptême, intégrés au peuple de Dieu, faits participants à leur manière de la fonction sacerdotale, prophétique et royale du Christ, exercent pour leur part, dans l’Eglise et dans le monde, la mission qui est celle de tout le peuple chrétien”.(n° 31) On aurait pu écrire 1) tout CHRÉTIEN, tout FIDÈLE du Christ, est membre du peuple de Dieu à part entière ( et c’est le sens originel du mot grec “laïcos”, membre du “laos” ou peuple de Dieu) 2) Certains fidèles cessent d’être canoniquement des “laïcs” lorsqu’ils sont ORDONNÉS ou font Profession dans l’état religieux reconnu dans l’Eglise. Ils demeurent des CHRÉTIENS et des FIDÈLES du Christ “Avec vous, je suis CHRÉTIEN: pour vous je suis évêque” disait St Augustin. C’était plus bref, plus simple et surtout plus mobilisateur. .*** Malgré ces textes et de nombreuses études bibliques, le vocabulaire courant des catholiques continue à employer (réserver?) les mots du “sacerdoce” pour caractériser le statut particulier des “presbytres” et les distinguer des “laïcs” à tout propos. Malgré le dernier Concile prolifère dans le langage courant catholique romain l’énumération hiérarchique: évêques, prêtres, religieux, religieuses, laïcs. Quand reviendra-t-on au langage de Pierre ou de Paul s'adressant d'abord et essentiellement aux "fidèles du Christ", aux "saints qui vivent à...", ou à "l'assemblée des saints qui résident à..." Le mot “chrétien” est moins utilisé dans le langage catholique que “fidèle laïc” ou “ministre ordonné” ou “personne consacrée”. Le mot “vocation” concerne encore essentiellement la vocation "sacerdotale" ou la vocation à la vie "consacrée". *** Augustin a fort bien dit l’essentiel. Toutes les lettres des Apôtres s’adressent aux chrétiens de telle ou telle ville, aux disciples du Christ. Elles comportent un nombre réduit de lignes spécifiques concernant les “presbytres”, les ministres chargés d'un service “pastoral”. En les comparant avec nos textes contemporains, nous voyons bien la différence considérable d’accent. Qui doit changer de vocabulaire ou de théologie des ministères? L'Ecriture sainte ? Evidemment non! Alors, tournons notre langue sept fois dans la bouche avant de parler des ministères aujourd'hui.
Les interrogations incessantes concernant le ministère presbytéral dans l’Eglise et dans le Monde actuel feront renaître un intérêt pour une meilleure utilisation des mots bibliques.
La fidélité aux Paroles du Christ et des Apôtres ainsi qu’à la plus longue Tradition de l’Eglise permettra, et elle seule, de “refonder le ministère presbytéral” indispensable à toute communauté chrétienne. Et, j'en ai l'intime conviction, alors des hommes et des femmes répondront à l'Appel intérieur de l'Esprit, relayé par les Communautés chrétiennes et les Pasteurs, pour assurer les ministères et services dont le Monde et l'Eglise ont besoin. Je prie pour que nous retrouvions le bon sens du Ministère...
Jean Charles THOMAS | ||
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