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Nous avons eu l'occasion de contempler - et ce fut une révélation - le magnifique album de Madame Christine PELLISTRANDI intitulé “Le Christ de Silos” (Éditions Mame, collection “Un certain regard”, 1995, 120 pages, superbes photographies de Giovanni Dagli Orti). Pour vous donner envie de méditer textes et photos de cet album nous avons sollicité et obtenu la gracieuse autorisation de Mme Pellistrandi et de Mme Gondinet-Wallstein des Éditions Mame aux fins de publier quatre photos du Visage du Christ et quelques extraits du texte contemplatif de Mme Pellistrandi. Nous les en remercions bien vivement. “Mme Pellistrandi est historienne du Moyen Âge et bibliste... attachée à l’Institut de Recherche et d’Histoire des Textes (CNRS)...L’Espagne est depuis longtemps pour elle terre de prédilection, en particulier l’ancien royaume de Castille dont elle a souvent parcouru les routes, se laissant fasciner par l’art singulier dont témoignent tant de monuments, un art né de la foi chrétienne et de ses rencontres successives avec les civilisations byzantine et musulmane”. (p.117)
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Le cloître de Silos, au coeur de la Castille, comporte six bas-reliefs exprimant la foi du XIe siècle finissant et la quête permanente du Visage du Christ. Le style en est inhabituel: “fruit de la compénétration hispano-arabe, il porte quelque empreinte de l’art califal”( p.29). “Sont représentés la Descente de croix et la mise au tombeau, les Apparitions de Jésus à Thomas et aux pèlerins d’Emmaüs, enfin l’Ascension et la Pentecôte, l’arbre de Jessé avec la Trinité, l’Annonciation avec le couronnement de la Vierge” (p. 26-27) Nous reproduisons deux bas-reliefs dans leur ensemble ( la mise au tombeau et l’Ascension) et deux détails de Visage: le Christ se laissant contempler par Thomas et le Christ de l’Ascension. | ||
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“Dévêtant sa poitrine, Jésus dit à Thomas: “Porte ici ton doigt...”. D’une main Thomas écarte le manteau de Jésus, de l’autre il pointe l’index sur la plaie ouverte par la lance...Le bras du Christ, levé et tendu, fend l’espace ...et semble former un abri pour Thomas...Ce bras raide rappelle celui de la Mise au tombeau: le corps glorieux de Jésus a été un cadavre glacé et figé avant de ressusciter. La foi de Thomas est ici confrontée au mystère d’une mort authentique et vaincue... “C’est la première fois...que les yeux de Jésus sont ouverts...Jésus porte sur Thomas un regard calme et patient, empli de bonté. Il expose ses blessures, accomplissant ainsi la parole du serviteur d’Isaïe: “Dans ses plaies se trouvait notre guérison...”(Isaïe, 53, 5) “Thomas, tout entier à son entreprise de vérification, examine la plaie de son long doigt tendu, sans voir le visage empreint de tendresse et de patience que le Christ penche vers lui. Sur l’auréole de l’apôtre incrédule, aucune mention de sainteté mais seulement:”Thomas, l’un des douze”.
“Jésus attend que Thomas ait fini son examen, donnant à l’homme le temps de sa recherche. Ce visage du “Dieu d’amour et de fidélité” est l’un des plus beaux de l’art roman”. (p. 70 et 73). | ||||
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“Un ange, assis sur le bord de la dalle supérieure invite à croire à l’incroyable...Les plis réguliers du linceul, dessinés avec légèreté, suggèrent le soin avec lequel les disciples ont disposé l’étoffe...Le Christ est couché sur le côté. A gauche, Joseph d’Arimathie replie le genou droit du Christ...A l’opposé, Nicodème tient le bras droit du Seigneur et s’apprête à l’allonger le long de ce buste dont la marque des côtes rappelle l’étouffement. Jésus porte les traces des coups qu’il a subis avant sa mise en croix. .. “Si le visage du Christ semble dormir en paix, la raideur de ses membres dément l’illusion du sommeil. Le corps est raide, aussi raide que la pierre tombale, et forme un vif contraste avec les silhouettes courbées des disciples dont les bras en mouvement chercher à disposer au mieux le corps du supplicié... “Le bras de Jésus...va à la rencontre des saintes Femmes qui semblent toutes les trois marcher en procession vers le calvaire...Dans la main droite , elles portent les aromates qu’elles protègent de leur manteau: ce qui va servir à des gestes quasi liturgiques doit être mis à l’abri de toute impureté...Leur doigt levé témoigne de leur interrogation: où est le corps? | ||
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“Avec beaucoup d’élégance, l’artiste a sculpté les plis du linceul...“Sous ce tombeau se cachent les soldats qui avaient reçu mission de surveiller le sépulcre afin que nul ne puisse venir en cachette s’emparer du corps du supplicié...Leur costume restitue avec minutie l’armement des chevaliers du temps”... “Le Maître de Silos a eu le coup de génie de représenter ensemble deux affirmations de la foi, de manière éminemment lisible. Oui! le Christ est bien déposé mort dans son tombeau: c’est ce que nous voyons. Oui! il est ressuscité d’entre les morts: c’est ce que nous croyons.Ce bras et cette main au centre du panneau sculpté , sont-ils le bras exsangue et la main transpercée d’un cadavre? Sont-ils les prémisses du corps glorieux qui soulève la dalle de la mort?” (p. 50...59) | ||
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L’ASCENSION DU CHRIST p. 87 et 88 de l’album
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“Comme un rideau que l’on tire, deux anges aux ailes déployées commencent à fermer les plis d’un nuage tout en ondulation. Une tête de Christ différente de celles représentées jusqu’à présent, moins étroite, plus carrée, émerge au milieu de ces ondes. “Cette tête qui couronne l’ensemble est inattendue, il est difficile de reconnaître au premier abord la scène de l’Ascension: souvent le départ du Christ est figuré dans une nuée qui laisse seulement apercevoir ses pieds. Ici, c’est tout le contraire. Pourquoi?” “Depuis que le Christ a terminé sa mission sur terre et qu’il est remonté près de son Père, il reste, malgré son incarnation, une distance inimaginable entre le monde créé et le monde céleste, entre l’être divin et la pâte humaine. Cette séparation est évoquée par un voile dont les plis expriment un infini que l’on n’atteint jamais, ce que l’artiste suggère en multipliant larges pliures et cannelures de plus en plus fines, doublant ainsi la longueur de cette barrière symbolique. “Aurait-il en tête quelque réminiscence de l’épître aux Hébreux rappelant que Jésus a inauguré une voie nouvelle à travers le voile de son humanité (Hébreux, 10,20) ? “ Certes le visage du Christ est désormais caché jusqu’à son retour; pourtant il règne du haut des cieux. Cette figure si majestueuse évoque cette fois-ci, non plus quelque monarque oriental accompagnant les disciples d’Emmaüs, mais plutôt un Christ Pantocrator qui gouverne l’univers comme les mosaïques byzantines le représente dans les absides des églises grecques.” “La tête du Christ apparaît avec toute la force de son humanité ressuscitée, qui partage pour l’éternité la gloire de son Père...ce qui explique la beauté de ce visage que les blessures causées par les hommes ou les doutes manifestés par ses apôtres ne peuvent plus abîmer... “Le Maître de Silos apparaît ici en avance sur son temps, car il est capable de représenter le Christ avec des expressions différentes: le visage épuisé par les souffrances de la passion, la face figée du mort, les yeux pleins de patience devant Thomas...Jamais il ne fait ressentir un sentiment de peur devant un visage impassible, froid comme un juge incapable de toute miséricorde. La tête du Christ présentée ici préfigure, environ d’un siècle, le beau Dieu de la cathédrale d’Amiens”... Juste dans l'axe de cette tête, sous les courbes ondulantes qui se propagent de loin en loin à la surface des eaux, se tiennent Jean et Marie | ||
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“Jean applique la recommandation que jésus lui a faite au pied de la croix en lui confiant sa mère: de sa main droite, il tient la manche de Marie. ..Oui, il est désormais responsable d’elle, et il la chérit comme une mère. La main gauche de Jean, les deux mains de Marie, tendus vers le ciel, ouvertes en signe d’offrande , sont sculptées avec une rare finesse. Jean et Marie, au profil tourné vers l’azur, semblent absorbés dans une contemplation mystique.” “Ils sont entourés par les apôtres. A côté de Jean, Paul est facilement identifiable grâce à sa calvitie et aux rides de son front; son manteau recouvre ses mains jointes. A côté de Marie, Pierre serra sa clé contre sa poitrine... “Au-dessous, sept silhouettes...protégeant le livre des Écritures, ou encore cachées sous le vêtement...Ils sont en mouvement: encore là et déjà partis...le visage tourné vers le haut, les yeux ouverts comme s’ils cherchaient encore à prolonger leur vision du Christ, les mains tendues en une adoration suppliante...tous semblent en marche: le pli de leur manteau, qui de l’épaule tombe le long des hanches, souligne la jambe qui avance devant l’autre....Les têtes des apôtre sont happées vers le haut... “Tout est composé pour guider les regards vers Celui qui a dit juste avant son départ: “Voici que je suis avec vous pour toujours jusqu’à la fin du monde” (Matthieu, 28,20) Le Maître de Silos a-t-il compris l’Ascension comme le commencement d’une présence invisible?” (p. 86...95) | ||
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Quelques repères chronologiques. 909 Fondation de l’abbaye de Cluny 1034 Fondation du Bec Hellouin 1041 Restauration de l’abbaye de Silos 1054 Rupture entre l’Orient et l’Occident chrétiens 1060-1150 St Sernin de Toulouse 1068-1108 Moissac 1075-1122 St Jacques de Compostelle 1084 St Bruno fonde la Grande-Chartreuse 1088 Consécration du Cloître et de l’église de l’abbaye de Silos 1098 Fondation du monastère de Cîteaux.
Chaque lecteur de “Montre-nous ton Visage” saura faire les rapprochements avec d’autres dates de l’histoire du Linceul de Turin. Une question ne manque pas de se poser: la représentation du corps du crucifié, flagellé, couronné d’épines et au flanc percé d’une lance sur le tissu du Linceul de Turin ne reprend aucun des éléments de la peinture, des sculptures ou des mosaïques du VIIIe au XIIIe siècles. Elle s’avère absolument originale. Elle ne s’inspire d’aucune technique connue et pratiquée. Elle demeure à ce jour une technique encore inexpliquée malgré toutes les analyses scientifiques ou iconographiques. Cette question toujours sans réponse plausible demeure la source des réflexions et informations de notre revue. | ||
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Comparer avec les Peintres et le Linceul Aller voir le Site sur le Linceul
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